Écologie : le poids de l’alimentation

Le mode d’alimentation occidental, qui s’appuie lourdement sur les protéines animales, a un impact très important sur le climat et les écosystèmes. Il est urgent aujourd’hui de changer de trajectoire.

Le modèle agricole et alimentaire occidental est insoutenable

L’élevage fournit aujourd’hui seulement 18% des calories et 37% des protéines sur Terre. Mais 83% des surfaces agricoles de la planète lui sont consacrés1. C’est un gaspillage monumental ! À l’échelle mondiale, la production de viande a été multipliée par presque 8 depuis 1945. Cette évolution s’est appuyée sur une intensification de l’élevage à laquelle  les animaux paient un lourd tribut. Aujourd’hui, l’élevage contribue pratiquement à un cinquième2 des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Si on mange de la viande une fois par jour, notre seule alimentation dépasse le budget carbone qui nous est alloué si on veut respecter l’accord de Paris, et éviter un dérèglement climatique catastrophique3. Du côté de la biodiversité, l’IPBES  (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) considère que notre appétit pour les produits animaux, à travers les changements d’usage des sols qu’il occasionne, constitue l’une des principales menaces pour les écosystèmes4.

Passer au végétal, un choix gagnant !

On croit souvent que manger plus bio, c’est la solution pour réduire notre impact environnemental. En réalité, s’il est évidemment bénéfique pour le tissu social et la santé publique de soutenir des productions recourant moins aux intrants chimiques, ces gestes sont peu efficaces du point de vue des émissions de gaz à effet de serre : passer à une alimentation bio sans changer la composition de son assiette accroît légèrement ces émissions5. Quant au passage à une alimentation locale, on estime qu’il est plus efficace, pour réduire son empreinte carbone, de manger végétal seulement un jour par semaine, que de manger local tous les jours6 !

 

Pas de transition agro-alimentaire sans une forte réduction des productions animales

À l’échelle de la société, l’inflexion de notre modèle alimentaire vers le végétal a de multiples bienfaits en matière de santé publique et d’écologie. C’est pourquoi tous les scénarios agricoles qui prennent au sérieux l’enjeu climatique proposent au moins une division par 2 de la production et de la consommation de viande, à l’échéance 2050. C’est le cas du scénario Afterres 20507, à l’échelle française, et du scénario TYFA, à l’échelle européenne8. Aujourd’hui, le gouvernement français est assez frileux à l’idée de réduire les productions animales, mais tout montre pourtant que les mesures d’aménagement des pratiques d’élevage ne conduisent qu’à des réductions minimes des émissions de gaz à effet de serre9.

Réduire l’élevage : il y a tout à y gagner

Si tous les indicateurs écologiques sont au rouge, la perspective d’une réduction de la place de l’élevage est envisagée avec appréhension par de nombreux acteurs politiques, qui y voient le risque d’une précarité accrue pour les agriculteurs. Le scénario Afterres 2050 montre pourtant qu’il est possible de diviser par 2 les productions animales tout en augmentant le revenu agricole net. De plus, ce scénario permet la création de 125 000 emplois en équivalent temps plein supplémentaires. Une inflexion du modèle agricole vers le végétal est donc tout à fait envisageable. Bien plus, elle pourrait créer les conditions d’une restauration des écosystèmes terrestres, avec la libération  des terres qu’elle permettrait au profit des espaces sauvages. Il s’agit aujourd’hui d’un enjeu crucial, sur lequel de nombreuses associations écologistes sont mobilisées.

Notes

  1. https://www.science.org/doi/full/10.1126/science.aaq0216
  2. Rapport I4CE : https://www.i4ce.org/wp-core/wp-content/uploads/2019/02/0225-I4CE2984-PolitiquesAlimentairesEtClimat-Etude24p-web-1.pdf
  3. https://www.resistanceclimatique.org/inventons_nos_vies_bas_carbone, ou https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/resistanceclimatique/pages/115/attachments/original/1616151401/20210228_guide_de_l’animateur_kit_INVBC.pdf?1616151401
  4. https://ipbes.net/sites/default/files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf
  5. https://solagro.org/travaux-et-productions/publications/le-revers-de-l-assiette ; https://librairie.ademe.fr/produire-autrement/4396-empreintes-sol-energie-et-carbone-de-l-alimentation.html
  6. https://ourworldindata.org/food-choice-vs-eating-local#:~:text=Eating%20less%20meat%20and%20dairy,your%20footprint%20by%20much%20more
  7. https://afterres2050.solagro.org/decouvrir/scenario/
  8. https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/billet-de-blog/une-europe-agroecologique-en-2050-un-scenario-credible-un
  9. https://www.vegetarisme.fr/wp-content/uploads/2018/03/rapport_scientifique_04_11_2015_0-1.pdf

Questions - réponses

Le pâturage est bénéfique, c’est un puits de carbone

Sur les prairies permanentes, le broutage et le piétinement des ruminants provoquent une consolidation des racines de l’herbe, permettant d’améliorer la séquestration du carbone dans le sol. Toutefois, cette amélioration est largement limitée par le méthane émis par les ruminants broutant sur ces prairies. De plus, la capacité du sol à stocker le carbone arrive à saturation en quelques décennies, et ce carbone peut être relâché dans l’atmosphère à l’occasion de sécheresses ou de la mise en culture des prairies. En fait, pour séquestrer le carbone atmosphérique, rien de tel que de belles forêts… qui, à l’échelle planétaire, se réduisent, bien souvent au profit de l’élevage.

Le soja consommé par les végés contribue à la déforestation

Les trois quarts de la production mondiale de soja servent à nourrir les animaux d’élevage, et la grande majorité de cette production est génétiquement modifiée. En France, 97% des tourteaux de soja consommés par le bétail sont importés du Brésil, pour la majeure partie. Le soja consommé par les Français, lui, provient de cultures situées en métropole ou en Europe, souvent biologiques.

La consommation d’eau attribuée à l’élevage est en grande partie de l’eau de pluie

C’est exact ! C’est ce qu’on appelle “l’eau verte”, qui représente 82% de la consommation d’eau que l’on attribue à la production de viande de bœuf (voire 97% en cas de pâturage extensif). Mais les productions végétales en absorbent aussi leur part ! En moyenne 78% pour les légumineuses et 75% pour les céréales. Même sans prendre en compte l’eau verte, la production de viande reste largement plus consommatrice d’eau que les productions végétales (sauf pour les oléagineux) : environ 1000 litres consommés pour produire 1 kg de bœuf contre 875 litres pour les légumineuses et 410 litres pour les céréales. En outre, l’eau utilisée en agriculture est susceptible d’être polluée par les déjections, les engrais et les pesticides…

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