Interagir avec l’école

Un article paru dans ViraGe n°13 – août 2022

Entre le cadre familial et l’école, on peut avoir la sensation d’une rupture dans la transmission de ses valeurs. Les copains n’ont pas les mêmes repères, les enseignements scolaires peuvent diverger de ce qui se pratique à la maison, bref, être un écolier végé, ce n’est pas toujours simple. Quoique… Parents, enseignants ou élèves, on peut mettre son grain de sel dans les cours. Pour montrer comment inscrire les animaux au programme plutôt qu’au menu, des solutions existent, qui peuvent inspirer tout adulte en contact avec des jeunes enfants ou des adolescents.

Les structures qui interviennent en milieu scolaire peuvent demander un agrément spécifique, national ou académique. C’est le cas de plusieurs associations d’éducation à l’environnement. Localement, les fédérations de chasseurs aussi nouent des partenariats avec l’Éducation Nationale.

Cet agrément n’est pas obligatoire. Leur liberté pédagogique permet en effet aux enseignants de solliciter toute structure qui concourt à leurs objectifs. Les lobbys de la viande (Interbev), du lait (CNIEL), ou McDonald, notamment, interviennent dans ce cadre. Ils proposent des animations gratuites, des publications tout aussi gratuites et leur communication est alléchante. Le prétexte pédagogique fait parfois oublier qu’ils sont la vitrine promotionnelle d’intérêts économiques… surtout quand les enfants reviennent avec des étoiles dans les yeux et des cadeaux plein le cartable. Pour ne pas se laisser couper l’herbe sous le pied, les usagers ont tout intérêt à entretenir le contact avec les enseignants et à diffuser les alternatives, voire à les faciliter. Comment s’y prendre ? D’abord en informant les directions et les professeurs, en relayant, par exemple, le rapport de Greenpeace sur les lobbys de la viande. On peut aussi proposer d’équilibrer la communication d’un lobby en invitant une association de défense des animaux, comme la LPO, la SPA, L214 Éducation… Si la rencontre d’un éleveur plaît toujours aux enfants, une visite dans un refuge ou une sortie nature ont tout autant de raisons de les intéresser, et font appel de la même façon à des acteurs locaux.Voir le rapport de Greenpeace, Comment les lobbys de la viande nous manipulent

La loi de novembre 2021[1] a inscrit l’éthique animale dans les programmes scolaires, du primaire au bac, dans le cadre de l’enseignement moral et civique. La condition animale fait donc une entrée, modeste mais encourageante, à l’école, reflet d’une préoccupation grandissante dans la société. De nombreuses associations n’ont pas attendu cette loi pour saisir l’importance de s’adresser aux plus jeunes. Elles contribuent à sensibiliser les élèves à la préservation de la faune ou au respect de l’environnement. La Ligue de protection des oiseaux, par exemple, propose des initiations aux premiers soins des animaux sauvages en détresse ou des ateliers de confection de nichoirs, d’autres ONG organisent des sorties d’observation, des concours ou des projets à mener pendant l’année scolaire…
Les associations de défense des animaux ont conçu des expositions, des livrets pédagogiques, des rencontres, des sélections de livres et de ressources en ligne, toute une panoplie d’outils à disposition des enseignants. L’association belge de défense des animaux Gaïa résume ainsi les enjeux de ses actions auprès des plus jeunes : « Nous sommes convaincus que la sensibilisation des enfants à la condition animale favorisera chez les citoyens qu’ils seront demain le sens des responsabilités et de la coopération, ainsi que le rejet de la violence et des discriminations arbitraires – qu’elles concernent les animaux ou les humains.[2] »

Informer pour donner envie de protéger

Charlotte Maignan, chargée d’éducation pour L214, précise d’emblée : « notre démarche est informative et non militante ». Avec un langage adapté, des supports conçus pour ne choquer ni par l’image ni par les mots, et des contenus validés par un conseil scientifique, L214 Éducation prend le parti de « parler des animaux pour qui ils sont, c’est la meilleure façon de les défendre ». L’angle est celui de la découverte scientifique, et s’inscrit dans la continuité de plusieurs matières : enseignement moral et civique, sciences de la vie et de la terre, géographie, philosophie… Les contenus évoluent selon les cycles d’enseignement. Avec une ligne de conduite : « on accompagne sur la manière de respecter et de protéger ».
L’association entend ainsi nourrir l’empathie naturelle des enfants envers les animaux, leur donner des clés de compréhension et des pistes d’action « qu’on n’évoque pas comme une injonction mais comme une possibilité. Puisque les plus jeunes n’ont pas le choix de ce qu’ils consomment, nous leur parlons uniquement de sujets dont ils peuvent s’emparer » souligne Charlotte Maignan. L’alimentation n’est donc pas au programme, mais elle peut être abordée par d’autres biais, en fonction des réactions des élèves : chez les ados, les angoisses climatiques suscitent « une demande de solutions face à de gros soucis globaux. On peut donc leur proposer notre livret Nourrir l’humanité, qui fait le lien avec les programmes de géographie. Notre démarche propose des connaissances qu’ils peuvent approfondir. »
L214 Éducation édite également Mon journal animal, auquel les écoles peuvent s’abonner gratuitement. Trois numéros pendant l’année scolaire, consacrés « aux animaux et à ceux qui les protègent », ainsi que le présente Camille Silvert, sa rédactrice. Les animaux, qu’ils soient sauvages, domestiques ou issus de l’élevage, y tiennent la première place, avec leur histoire singulière et « des dossiers et des articles d’actualité qui font écho aux programmes scolaires ». Une première place presque ex aequo avec les jeunes lecteurs, qui sont aussi les sujets du magazine : Mon journal animal présente et soutient leurs initiatives, et répond à leurs interpellations par courrier. « De nombreux jeunes s’impliquent, nous accompagnons leur réflexion » note Camille Silvert. « On relaie leurs initiatives dans le journal, et parfois ça fait boule de neige ». Le sentiment de n’être pas seul à s’intéresser aux animaux donne un appui aux jeunes lecteurs, et leur permet d’assumer plus facilement leurs choix face à leurs camarades d’école : « ils s’affirment et prennent la parole avec plus de confiance » conclut Camille Silvert.

Pour aller plus loin
education.l214.com.
monjournalanimal.fr
educ-ethic-animal.org, et notamment cet état des lieux daté de 2015.
« Enseignons à l’école l’empathie pour les animaux », tribune dans Libération, 2017.

 


[1] Loi du 30 novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et à conforter le lien entre les animaux et les hommes, article 25 : « L’enseignement moral et civique sensibilise également, à l’école primaire, au collège et au lycée, les élèves au respect des animaux de compagnie. Il présente les animaux de compagnie comme sensibles et contribue à prévenir tout acte de maltraitance animale. »

[2] gaiakids.be/fr/pourquoi-ce-site

Crédit photo : L214 Éducation

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