Loi agricole : un projet mal nourri

12 avril

La loi sur la souveraineté en matière agricole et pour le renouvellement des générations en agriculture affiche de grandes ambitions climatiques et écologiques, en même temps qu’elle fait de l’agriculture le premier étalon des politiques publiques.
L’AVF avait participé aux consultations préliminaires, en particulier au sein du groupe de travail consacré à l’enseignement, et savait donc ne pas avoir grand-chose de positif à en espérer. Cette première impression se confirme.

Si chaque article, ou presque, porte mention d’exigences de résilience climatique ou de prise en compte des services écosystémiques, les mesures annoncées peinent à montrer autre chose qu’une vision productiviste et martiale de l’agriculture. Et la grande absente de cette loi est l’alimentation : indirectement effleurée dans les mesures qui favorisent le développement de la pêche et de l’aquaculture ou qui facilitent les extensions d’élevages, elle n’entre dans aucun article qui montrerait une volonté du gouvernement de relier ce qui nous nourrit et la façon dont on le produit. Un comble pour un texte qui veut renforcer l’indépendance alimentaire de la France.

Pire : ce projet aux accents guerriers donne à l’agriculture la mission de «développer la production de biomasse» en vue de décarboner l’économie. C’est-à-dire de mobiliser des terres pour produire du carburant, de l’électricité ou du gaz. C’est un opportunisme certain en période de crise énergétique, mais pour donner envie d’embrasser «les métiers du vivant», qui doivent trouver un regain de popularité grâce à cette loi, ce sera peut-être un peu court.
Certes, décarboner l’économie doit passer par l’agriculture. D’ailleurs, lui confier cette lourde tâche est une façon de reconnaître sa part de responsabilité dans le changement climatique. L’exploit est de vouloir le faire en délaissant le meilleur moyen d’y parvenir : réduire les productions, et donc, les consommations de produits animaux. Et laisser l’ensemble des acteurs agricoles dans l’illusion que le modèle actuel, à quelques aménagements près, peut se poursuivre indéfiniment.

L’AVF maintient son appel à une vraie bifurcation de notre système agroalimentaire : 

  • moins d’exploitation animale, écologiquement coûteuse à de nombreux égards, et soumise au dumping social et environnemental
  • plus de productions végétales directement destinés à l’alimentation humaine, pour libérer les terres actuellement destinées à la culture de fourrage, diminuer la dépendance aux importations, et structurer des filières intégrées rémunératrices et résilientes
  • une facilitation de la reconversion des éleveurs vers des productions plus compatibles avec les exigences climatiques et sociétales
  • et un enseignement agricole qui soit réellement à la hauteur de ces enjeux : les nouvelles formations souhaitées par le gouvernement doivent permettre de nourrir durablement les citoyens, et non une économie mondialisée qui dévore les ressources et la santé.

 

✉️ Contacts médias
Astrid Prévost et Alix Menella, chargées de mission – contact@vegepolitique.fr
Mathieu Nollet – presidence@vegetarisme.fr – 06 73 91 52 70

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