Le positionnement de l’ANSES sur le soja

27 mars

Le 24 mars 2025, l’ANSES publie un rapport nommé “Éviter les isoflavones dans les menus des restaurations collectives” basé sur les conclusions de deux comités d’experts spécialisés (CES). En ligne de mire : le soja, principal aliment contenant des isoflavones. La publication d’un rapport aussi restrictif, peu de temps après que les repères nutritionnels des alimentations végétariennes aient enfin été publiés, ne peut qu’interroger : pourquoi incriminer le soja, aliment protéique emblématique des alimentations végétariennes, quand le poisson, farci aux métaux lourds, ou la charcuterie, grande pourvoyeuse d’inconvénients cardio-vasculaires, restent au menu des cantines, et bénéficient de l’indulgence de l’agence de santé ? 

Nous dénonçons la lecture partiale qui est faite des données scientifiques pourtant disponibles. Nous attendons de l’ANSES qu’elle se saisisse des études établissant l’ensemble des effets des isoflavones du soja, et non uniquement leur toxicité potentielle. Et afin que ses avis recouvrent toute leur crédibilité, nous demandons à l’ANSES qu’elle revoie son positionnement sur le poisson et la viande rouge ou transformée en restauration collective et qu’elle remette le soja au menu.

Le soja est une des alternatives qui répondent aux objectifs de diversification des protéines de la loi Egalim. Il serait pertinent de le considérer comme un ingrédient de choix  pour une alimentation durable, et de le soumettre aux mêmes exigences que les autres aliments. Ni plus, ni moins. 

L’ANSES invite les producteurs et les industriels à “revoir les techniques de production et de transformation du soja, pour diminuer les teneurs en isoflavones dans les aliments”. Il est appréciable qu’une agence publique responsabilise les professionnels de l’agroalimentaire quant à la sur-utilisation de produits dérivés du soja, à des fins économiques et sans prise en compte des risques sanitaires de leurs ingrédients.

Mais les raisons de cette attention particulière accordée au soja laissent perplexe : 

  1. Les recommandations de l’ANSES sont principalement fondées sur des extrapolations à partir d’observations menées sur des rats : ces observations n’ont pas été confirmées lors des études épidémiologiques ultérieures menées sur les humains. De nombreux pays ont d’ores et déjà conclu à l’innocuité de la consommation de soja à tous les stades de la vie, comme le rappelle la synthèse de l’ONAV.
  2. Les études toxicologiques ne mettent pas en valeur les effets bénéfiques sur la santé de la substance étudiée, alors que de nombreux travaux de recherche ont montré de potentiels effets bénéfiques des isoflavones et de la consommation de soja sur des cancers hormono-dépendants et sur la santé cardio-vasculaire. Il apparaît nécessaire que les recommandations officielles concernant un produit largement consommé reposent sur un rapport bénéfices/risques, ce qui n’est pas le cas ici.
  3. Sur le principe de précaution dont se prévaut cet avis de L’ANSES, il serait juste de considérer aussi les seuils de contaminants d’autres denrées, comme le poisson ou les viandes transformées dont les effets néfastes sur la santé humaine sont, eux, bien établis (ANSES 2015, 2024). Ces aliments bénéficient pourtant d’une grande indulgence de la part de l’agence de santé et sont toujours abondammentservis dans les cantines. Nous constatons donc une différence de traitement injustifiée entre les aliments d’origine végétale et ceux d’origine animale.
Des nouvelles de l'AVF, de ses actions et du monde végé en général ?
Choisissez vos infolettres
Faire un don
Panier0
Il n'y a pas d'articles dans le panier !
Continuer les achats
0